SCURITRassurs ou sceptiques, les Parisiensdiviss sur les renforts de police (Cahier central)Mardi 24 novembre 2015 - N 22149 - www.leparisien.fr 1,20 75Avant lhommage nationalde vendredi aux Invalides,les familles enterrentleurs proches et les Franaiscontinuent de se recueillir. (Page 6)(LP/FrdricDugit.)Le temps des hommagesEN IMMERSIONNotre journalistea aidlquipedeJohnny(Pages 32 34) (Bestimage/CyrilMoreau.)LIGUE DESCHAMPIONSMalm attendle roi Zlatan(Page 20)SOCITIl est dsormais possiblede contester ses PVsur Internet (Page 16)RGIONALES Franois Hollanderemobilise la gauche(Page 8) Quel impact dansles quartiers meurtrispar les attentats(Pages 10 et 11)(IconSport/JolMarklund.)Frontires:la faille de lEuropeDans une interview exclusive, le patron de Frontex, lagence europenne qui gre les frontiresextrieures, confie son impuissance. Les armes juridiques lui font encore dfaut. (Pages 2 et 3)milibrisbeforerename02 SPCIAL ATTENTATS.Le ParisienMardi 24 novembre 2015 CETTE AFFAIRE, cest de la nitro-glycrine. Aux premiers jours delenqute sur les attentats du vendre-di 13 novembre Paris, une sourcediplomatique prdisait des lende-mains qui dchantent pour lEuropede la scurit. Et des consquences encascade sur la politique daccueil desrfugis.Lun des kamikazes du Stade deFrance, souffl par lexplosion de songilet, a laiss derrire lui un passeportquasi intact, mme le bitume, com-me une ultime provocation.
Ce quelon craignait est arriv. Ce qui rele-vait dun scnario de politique-fictionsest ralis.
Ping Par Jossi Vander Sur For Mac Free
Le groupe Etat islamiquea bien infiltr ces cohortes ininter-rompues de dizaines de milliers demigrants contraints lexil, comme illavait annonc. Il est dsormais ta-bli que deux terroristes au moins ontemprunt cette route de lespoir, pas-sant par la Grce. Pendant que desmilliers dhommes, de femmes etdenfants tentaient de fuir la guerre,ces deux-l cherchaient limporter.Stratgie du chaosLes investigations se concentrent surun nime dbarquement mouve-ment le 3 octobre. Octobre: unmoisqui concentre unnombre record dar-rives de migrants en Grce, soit untotal de 620000 depuis janvier.
CeLespace Schengendevrait tresynonyme delibert et de protection.Il est aujourdhuisynonyme de passoire.Cette improvisationeuropenne autour de lascurit laisse sans voix.Les contrles qui sontfaits auprs des migrantsqui cherchentlgitimement un abri enEurope ne sont relis aucun fichier de police.Or, on sait avec certitudequau moins deux desterroristes du13 novembre sont passspar lle de Lros enGrce. En nayant pascette exigence basique decontrle aux frontires,ce sont les migrants eux-mmes que lon met enpril et cest un jeudangereux que lon joueavec les opinionspubliques. Il faut agirvite.
Des vies sont en jeu,mais aussi une certaineide de lEurope quipromettait, aulendemain de la SecondeGuerre mondiale: plusjamais a!DONAT VIDAL REVELdvidalrevel@leparisien.fr@dvidalreveln L'DITOFaitesvite LaGrce, chevaldeTroiejour-l donc, un bateau battu par lesflots, avec 109 personnes son bord,schoue sur le rivage de Lros, petitele orientale de la mer Ege. Les se-cours doivent aider les rfugis ga-gner la plage pour viter quils senoient, la Mditerrane tant deve-nue un immense cimetire ciel ou-vert. Scne presque quotidienne de-puis que la Syrie et lIrak sont feu et sang.Cette fois, tout senchane selon lesrgles dictes par lUnion europen-ne (UE). Les autorits grecques si-gnalisent lesmigrants, prennent desclichs de chacun et relvent leursempreintes digitales, dfaut de pou-voir vrifier si les documents didenti-t syriens sont vrais. Sur la basede cesempreintes et de ces photos, la justicefranaise a pu diffuser deux avis derecherche.
Mais trop tard.Daech poursuit sa stratgie duchaos. Ses terroristes nont pas tous,loin sen faut, emprunt la route desmigrants. La plupart sont ns en Eu-rope. Enmontrant quelle est capablede sinfiltrer parmi les rfugis, elleouvre des brches dans les opinionspubliques. Entre gouvernements aus-si, tant la position douverture dAn-gela Merkel, la chancelire alleman-de, est aujourdhui conteste au seinde lUnion et dans son propre camp.Le 15novembre, Jean-ClaudeJunc-ker, le prsident de la Commissioneuropenne, a tenu rappeler unevidence: Ceux qui ont perptr lesattentats sont exactement ceux queles rfugis fuient, et non pas linver-se.
Daech a viol la valeur cardinalede lEurope: son humanisme. Sauf renoncer ce quelle est, lUnion nerejettera pas les rfugis la mer.Mais, pour rester ce quelle est, cest-dire un espace de libre circulation,elle devra resserrer lesmailles du filetscuritaire ses frontires.RIC PELLETIERLE FRANAIS Fabrice Leggeri, hautfonctionnaire auparavant en poste auministre de lIntrieur, a pris en jan-vier la direction de Frontex, lagenceeuropenne pour la gestion des fron-tires extrieures, cre en 2004.Deux des kamikazes qui se sontfait exploser au Stade de Francesont passs par la Grce via le fluxde migrants. Frontex a-t-elle faillidans ses missions?FABRICE LEGGERI.
Frontex nesten rien responsable de cette situation,car nous navons aucun mandat entermes de contrles de scurit. Cetype de missions reste du ressort desEtatsmembres de lUnion. Il y a quel-ques annes, le Parlement europenavait refus que nous puissions lesmettre en uvre.
Cest une questionsensible, et les par-l e m e n t a i r e snavaient pas sou-hait que Frontexait accs aux basesde donnes personnelles, dont cellesdes diffrents services de police ou derenseignement des Etats. Nouspayons aujourdhui dune certainemanire le manque de confiance, du-rant la dcennie coule, de ces m-mes Etats et des dputs europensdans les agences europennes.Quel est le rle des agentsde Frontex prsents en Grce?Aider la surveillance des frontires, la dtection des franchissements ir-rguliers et la gestion du fluxmigra-toire, notamment via lenregistre-ment desmigrants dans le fichier Eu-rodac. Un screening est fait, afindidentifier leur nationalit, ainsiquuneprise de photo et des emprein-tes digitales. Ce type denregistre-ment est ncessaire pour deux rai-sons, dabord afin dviter sur placeune gestion chaotique de ces mi-grants, ensuite car cest la base dunerpartition ultrieure de ces rfugisau sein de lUnion europenne, dci-de aprs lt 2015.Comment imaginer que la Grcepuisse contrler seule le profildes 620 000 migrants passspar son sol depuis janvier?En ltat dudroit actuel, lUnion euro-penne devait partir du principe im-plicite que les pays jouaient leur rledans ce domaine.
Peut-tre cette sup-position a-t-elle t un peu optimiste,quand on constate que rcemment,jusqu 15 000 personnes sont arri-ves en une seule journe sur le solgrec. Frontex avait soulign ceprobl-me avant les at-tentats de Parisdans un docu-ment non publicadress tous lesEtats membres de lUE et de lespaceSchengen.Comment combler ces lacunes?Vendredi, le conseil Justice etAffairesintrieures, compos desministres dela Justice et de lIntrieur de tous lesEtats membres de lUE, sest pronon-c pour que Frontex contribue auxfrontires extrieures, la lutte contrele crime organis et le terrorisme.Cest positif. Nous aurons donc bien-tt un cadre juridique pour consulterces bases.
Je pense par exemple auxfichiers dinformation dits Schengenmais aussi aux bases de donnesdEuropol ouencore au fichier desdo-cuments de voyage vols ou perdus.Dans quel dlai?Il faudra au mieux un an, peut-treplus, pour que ce rglement europenpuisse tre adopt. Ensuite, il seraitlogique que ces contrles de scuritsoient effectus aumoment de lenre-gistrement des migrants. Il y auraitainsi un paquet global, mlantladministratif et le scuritaire. Maisle pralable, cest que linformationsoit partage entre tous les acteursconcerns pour que lon nen restepas uniquement un cadre juridiquethorique.Nest-il pas illusoire de croire ltanchit des frontires?Vous trouverez toujours des gens quiessaieront de passer ces frontiresdune manire ou dune autre.